Programmation 2013

La programmation 2013 se veut différente. Pour célébrer les dix années d’existence du Festival, nous avons souhaité que cette année, Quatre Chemins soit l’espace privilégié de formes théâtrales et performatives, en connexion avec d’autres formes d’expression artistique. Dans le cadre de l’appel à projets lancé pour cette édition, nous avons demandé aux artistes de réfléchir à des propositions sur le thème du pouvoir, de manière très libre et innovante, qu’il se situe dans un temps

passé ou futur, dans des espaces réels ou imaginaires, avec des propositions de spectacles réalistes, fantastiques ou merveilleux, avec des histoires réelles ou inventées, avec ou sans texte… Nous leur avons aussi demandé de proposer des créations non traditionnelles, dans des lieux non traditionnels : petites formes, spectacles en chantier, performances… Nous avons également souhaité que leurs propositions intègrent une collaboration avec d’autres disciplines artistiques et d’autres créateurs : scénographes, peintres, sculpteurs, musiciens, vidéastes, photographes, chorégraphes, artistes multimédia…

 

Un festival est un témoin de son temps. Quatre Chemins doit être l’espace rêvé des créateurs pour se remettre en question, ouvrir leur esprit, exprimer leurs doutes, leurs questions… Nous engagerons aussi une consultation sur l’avenir du Festival et sur le futur de la création théâtrale en Haïti sous la forme de journées de réflexion. Cette consultation donnera lieu à des échanges entre artistes de théâtre et d’autres intervenants issus de différentes disciplines artistiques, pour mettre sur pied des chantiers pour l’avenir.

BAT AU PAS

Lundi 25 novembre – 6h30 PM

Mardi 26 novembre – 6h PM

Mercredi 27 novembre – 6h PM

Esplanade du Bureau national d’Ethnologie

 

Carrefour intergénérationnel, rencontre multiculturelle entre traditions et modernité. Clin d’œil et perspective d’une certaine version de l’Histoire et du Quotidien. Ambivalence et univers artistique en mouvance, fusion musicale dansée, invitation à une forme de spectacle vivant et d’expression contemporaine.

Le petit village de Tiayi vit dans une atmosphère sereine et détendue, où la douceur du quotidien est rythmée par les battements réguliers du pilon de Louzie, qui invite les spectateurs à prendre part à son histoire… Gracieuse, courageuse, Louzie symbolise ce petit pays que l’on nomme Haïti. Ballottée, bafouée, blessée, voire même dépossédée, tout comme son pays, elle voyage dans des mondes intemporels et pluridimensionnels, donnant lieu à des rencontres fortuites, insolites, parfois malheureuses. Elle interroge, à sa façon, la conscience de chacun sur les rapports de force dans notre société… Bat au pas » questionne et englobe à la fois la déclinaison de la violence sous toutes ses formes : de l’Histoire sur le présent, de la société sur l’individu, des relations de genres, des habitudes, des références… Métissage mêlant des rythmes de tambours à la danse contemporaine Hip Hop,  Bat au pas interroge la notion de pouvoir sous différents angles. 

Mise en scène Aude Hulot, Conception et chorégraphie Dedley Aurephar, Woulele Marcellin, Cie Let’s dance

 

KAFOU TWAKWA

THÉÂTRE DE RUE

Maison Chenet, angle rue M et rue 7 – à côté de chez Viviane Gauthier

jeudi 28, vendredi 29, samedi 30 novembre – 6 h pm

La représentation du vendredi 29 sera suivie d’une discussion avec le public

Wi, mwen achte moun. Mwen achte nanm. Mwen achte bèt. Mwen achte ata souf mouch mouri

kite nan bwat alimèt. Sa-w gen pou vann mwen ? Pale.

 

Patron, parrain d’une organisation criminelle spécialisée dans les enlèvements, a une idée pour tirer profit de

Grenn senk, un otage embarrassant : il décide de vendre son âme à Twakwa, grand sorcier qui se targue de

tout acheter. Solda, homme à tout faire de Patron, a la lourde tâche de conduire Grenn senk à Kafou Twakwa

sur le coup de minuit. Patron les y attend pour remettre l’otage à Twakwa qui ne se déplace jamais sans sa

bande d’estropiés qui ont échangé le langage des hommes contre les cris d’animaux. Mais Kafou Twakwa est un

carrefour de maléfices d’où nul ne sort indemne. Pas même Patron. Surtout Patron !

Le spectacle met à nu la volonté et la capacité de l’homme pour dominer, estropier, exploiter et tuer ses

semblables. A partir d’une mise en question de l’imaginaire collectif haïtien, Kafou Twakwa évoque les

relations de pouvoir dans les associations de malfaiteurs. Le plus souvent, le soi-disant chef de bande pense

détenir tous les pouvoirs, alors que d’autres individus détenant des pouvoirs symboliques et mystiques

peuvent être les véritables chefs et décider au final du sort de celui qui croyait être le protagoniste. Le

spectacle est aussi l’occasion d’attirer l’attention sur des problèmes qui gangrènent notre société et pour

lesquels on ne cherche pas de solution durable.

 

D’après un texte de Faubert Bolivar

mise en scène collective Cie Brigade d’intervention théâtrale – Haïti (BIT-HAÏTI)

interprétation Vladimir Delva (Twakwa), Chelson Ermoza (Patwon), Eliezer Guérismé

(Grenn senk), Clorette Jacinthe (Solda), Regina Lazare (Tifi a), Jenny Cadet (Kokobe),

régisseur général Farid Sauvignon

VALÈRE NOVARINA LIT

L’ESPACE FURIEUX ET AUTRES TEXTES

Textes écrits et lus par Valère Novarina

Lundi 2décembre – 7 h pm – IFH

 

“Dans L’Espace furieux, la langue se renverse, apparaît à l’envers ; elle surgit, accélérée ou ralentie, en déséquilibre, tourne en volutes ; elle chute, se morcelle, s’élève, se retrouve, se tord, varie, devient autre par le mouvement spiral de la respiration, dans le croisement à l’espace qui a lieu par la chair de l’acteur, espace creusé en plusieurs sens par la langue. Il s’ouvre des souterrains, des tunnels, des passages non-vus, des raccourcis oubliés afin de donner à voir la langue, nous faire assister à sa passion. Par l’outil du théâtre, il s’agit d’atteindre ce que Novarina appelle, la vue de la parole, voir de très près notre mort par les mots et notre renaissance par la parole.

Valère Novarina élargit encore, furieusement, l’espace où sedéploie le langage. Ses textes se jouent comme on jongle, avec un lancer souple et précis, un vol rapide et libre, une réception

ronde et joyeuse, des phrases, des mots, des syllabes, des sons, du sens. L’Espace furieux se déroule en multiples questions, injonctions, réponses, prophéties, monologues, dialogues, chorals, comme une fête, comme si on pouvait peindre ou composer avec l’alphabet. Les personnages donnent voix au quidam, à l’autre, au marginal, à l’homme incarné, à chacun de nous pour délier son être, débusquer nos angoisses, formuler nos interrogations, réaliser nos envies de cris et de rires, trouver et détourner les sens de la vie. Comme un évangile profane, L’Espace furieux, raconte comment le Verbe se fait chair et comment il agit parmi nous. Histoire essentielle pourles comédiens et fascinante pour tous ceux qui croient au pouvoir de la parole.”

 

Valère Novarina. Né en Suisse en1947. Auteur dramatique, metteur en scène, peintre et photographe français. Il suit une formation philosophique et philologique à la Sorbonne, au cours de laquelle il découvre lesgrands auteurs classiques. À vingt-sept ans, sa pièce Atelier volant est mise en scène par Jean-Pierre Sarrazac.

Suite à cela, il est sollicité par le metteur en scène Marcel Maréchal pour une adaptation de Falstaff de William Shakespeare. Fin 70, il publie ses romans théâtraux Le Babil des classes dangereuses (1978) et La Lutte des morts (1979). Il se lance ensuite dans la mise en scène de l’une de ses créations, Le Drame de la vie, jouée pour la première fois au Festival d’Avignon en 1984. À son écriture, qui se délie des codes de la représentation, viennent s’associer des personnages complètement brisés, déchirés entre les contradictions de l’existence. Il signe plusieurs autres pièces, parmi lesquelles Le Monologue d’Adramelech (1985), Vous qui habitez le temps (1989)… Ses textes sont également présents au cinéma dans des films comme Zanzibar de Christine Pascal, Soigne ta droite et Nouvelle vague de Jean-Luc Godard. En 2007, il remporte le Grand Prix du Théâtre de l’Académie Française et publie entre autres par la suite, Le Vrai sang qu’il met en scène à l’Odéon Théâtre de l’Europe.

MO

THEATRE MULTIMÉDIA

Institut Français d’Haïti – lundi 3, mardi 4 et vendredi 6 décembre

2 représentations par soirée : 6 h 30 et 7 h 30 pm

Les représentations du mardi 4 seront suivies d’une discussion avec le public

Au commencement était la parole et la parole était Dieu. Toute chose a été faite par elle. Et rien de ce qui a été faite n’a été faite sans elle. La parole se fit chair et la chair se fit manipuler par la parole.

Au commencement était la parole, et la parole créa Mo.

Mo, marionnette à fils, naît du néant par le pouvoir de la parole.Ce petit être de bois inerte prend vie sous les feux de la scène. Puis il crée à son tour, à profusion, et tombe sous l’emprise de ses créations…

Le marionnettiste Ernst Saint Rome et l’artiste transmédia Tatiana Magloire, partagent la scène et l’écran pour ce spectacle inédit créé pour célébrer les dix ans du Festival Quatre Chemins. MO est une alliance entre les arts vivants, le son, la lumière et les arts numériques pour redécouvrir le sens du mot et le pouvoir sacré de la parole.

 

Texte et mise en scène Ernst St Rome et Tatiana Magloire réalisation marionnette Lucien Clervaux marionnettiste Ernst Saint Rome décor, projection et trame sonore Tatiana Magloire éclairage Fedler Brutus-NextLighting son Nixon Mentor-IFH

 

TOREADORS

SPECTACLE EN CHANTIER

 

Gaguère Ravine Pintade 14 rue Nord Alexis, Lalue

mercredi 27, jeudi 28, vendredi 29 novembre – 6 h pm

la représentation du jeudi 28 sera suivie d’une discussion avec le public

Un combat des mots et des idées oppose Ferdinand, cadre au chômage, à Momo, immigré, mais intégré : le duel verbal

auquel ils se livrent découvre une société réduite à son expression la plus démunie, privée même de ses droits les plus

élémentaires, où les problèmes sociaux acculent à des expédients et à l’usage intensif de la débrouille. Ce chantier de

création, présenté ici comme un travail en cours, met en scène le combat de coq et le “pinge”, un art de combat

populaire en Haïti, et leur empruntent le sens de l’esquive, l’agressivité, la finesse, la discipline et la rapidité…

 

D’après un texte de Jean-Marie Piemme

 Adaptation Cie Wè Pi Lwen

Mise en scène Raoul Junior Saint-Cyr

Assistant à la mise en scène Marcuny Billy, interprétation James Saint Félix et MYRTIL Kenwhrold, musique Jean Mary Louissaint dit Kebyesou

H.I. : FEMMES ET POUVOIR

HAÏTI-ITALIE

PERFORMANCE

Yanvalou

mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6 décembre

2 représentations par soirée : 6 h et 7 h pm

Les représentations du vendredi 5 seront suivies d’une discussion avec le public

Comment une femme peut répondre à la logique dominante de la puissance ? Comment peut-elle avoir accès aux mêmes possibilités que les hommes ? Comment une femme peut-elle s’affirmer ? Les rôles des femmes dans la société sont constamment soumis à des changements liés au contexte et à l’époque, qui restent liés à des dynamiques de soumission culturelle plus ou moins explicites. Le point de départ de cette performance est une réflexion scénique sur certaines dynamiques sociales entre femmes et pouvoir en Italie, dans un contexte marqué par des problématiques diamétralement opposées à celles d’Haïti. Dans ce pays européen marqué par la consommation et la médiatisation brutale de l’image des femmes, subordonnée à l’apparence, la séduction devient de nos jours le mot clé. La séduction comme stratégie pour faire face au pouvoir institutionnel et masculin se mêle à d’autres déclinaisons propres au contexte haïtien : là, entre respect et tradition, les femmes portent le poids du rôle contraignant de la “femme-mère” haïtienne et de son engagement à répondre aux besoins fondamentaux de la famille.

Pendant la durée du Festival, chaque jour une caméra filmera pendant une heure le travail de l’artiste. La vidéo sera projetée chaque jour dans un espace public lié au Festival et permettra d’avoir accès à l’expérimentation en cours et à l’espace intime de l’artiste. Une boite sera installée pour recueillir les messages laissés à l’artiste.

Chaque jour une interaction à distance aurait lieu. Il serait souhaitable que cela donne naissance à des moments de vraie collaboration, des échanges de textes et d’idées, et pourquoi pas, des incursions dans l’espace de l’artiste…

Deux espaces : l’espace de recherche habité par l’artiste et une surface de projection ouverte au regard du public, lieu d’interaction médiatisée ou les spectateurs sont invités à laisser des messages, des commentaires, des suggestions, pour participer à la construction de la performance finale. Pour participer à modeler l’image féminine vécue par l’artiste.

Mouvements, fragments de texte, actions répétées, suggestions de la dance contemporaine : le corps de l’artiste devient véhicule de communication avec le public. La performance constitue une intervention dans la sphère sociale. Elle est agent de transformation dans l’environnement social et outil de recherche artistique en soi même. Le processus de création devient alors une composante fondamentale pour la mise en place des

dynamiques de transformation.

Texte, mise en scène et interprétation Marilena Crosato assistée de Hélène Lacroix vidéo Lea Domenach assistant vidéo et photographe Vladjimir Legagneur lumière Jean Ronald Pierre

Fokal – salle polyvalente

jeudi 5, vendredi 6, samedi 7 décembre – 6 h pm

La représentation du vendredi 6 sera suivie d’une discussion avec le public

 

Qui suis-je ? Suis je ce que je dis ? Suis-je ce que je pense ? Suis-je ce que je vois ? Suis-je le  

double de moi-même ?

 

Réalité ou illusion ? Une jeune fille abandonnée à sa naissance par sa mère s’interroge sur son identité, son origine. Un parcours douloureux et hallucinatoire où résonnent sans cesse des cris de femmes en couches, des cris de nouveau-nés. Elle est parfois consciente de ce qu’elle vit, parfois non. Elle a recours à l’hypnose pour tenter de comprendre… Le temps est rythmé par les interventions de son double qui apparaît pendant les séquences d’hypnose et tente de l’aider à répondre à ses questions… Mais en fin de compte, ne subsistent que la folie, les hallucinations, la confusion et l’effroi. Est-elle humaine ou un fantôme ? Est-elle réelle ou n’est-elle qu’Illusion ?

 

Texte et mise en scène Dine Cassandre Colin

Cie Casser

scénographie Delus Fednerson assistanat à la mise en scène et lumières Junior Raoul Saint-Cyr interprétation Winslow Nitza Carmela Cavalier et Julna Bertieux

 

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